La violence économique : une violence invisible et non reconnue

Imaginez qu’une personne s’immisce dans vos finances, critique vos achats, scrute vos comptes de carte de crédit personnels, ou encore se moque de votre manière de gérer votre argent… Comment réagiriez vous face à cela? Le considéreriez vous comme une forme de violence? Malheureusement, c’est la réalité vécue par des milliers de femmes au sein même de leur foyer. La violence économique est une forme de maltraitance subtile, presque invisible, mais avant tout non reconnue. Pourtant, elle a des conséquences sur la santé psychologique de ces femmes et sur leur autonomie financière. À l’occasion des 12 jours d’actions contre les violences faites aux femmes, prenons le temps de reconnaître la violence économique comme une forme de maltraitance grave. Après deux ans et demi à chapeauter un projet dédié à la lutte contre la violence économique, je suis convaincue que cette violence mérite d’être mieux comprise et doit être intégrée dans la législation comme une forme à part entière de maltraitance. La violence économique se manifeste par un contrôle financier, une privation d’accès à l’argent, ou encore une interdiction à travailler. Bien que ses effets ne soient pas toujours visibles physiquement, leurs impacts sont tout aussi dévastateurs, touchant l’autonomie, le bien-être psychologique et la dignité des victimes. Elle est souvent liée à d’autres formes de violence et empêche les femmes de s’émanciper, tant financièrement que personnellement. Il est urgent de sensibiliser les victimes, les professionnel.le.s et la société à cette violence, et de renforcer les dispositifs législatifs et d’accompagnement. Ces 12 jours d’actions sont l’occasion de rappeler que toutes les violences faites aux femmes doivent être prises en compte, y compris la violence économique, pour offrir aux victimes la possibilité de se reconstruire et de sortir de ce cycle de domination.

Cet article a été écrit par Anath Barwane, chargée de projet en autonomie financière des femmes à l’ACEF de l’Est de Montréal.