Chaque 22 septembre, la Journée mondiale sans voiture nous invite à repenser notre manière de nous déplacer et à imaginer des villes libérées de la dépendance à l’automobile. Loin d’être un simple geste symbolique, cette journée est une occasion de réfléchir aux conséquences économiques, sociales et environnementales de notre modèle actuel axé sur la voiture individuelle.
Au Québec, la voiture occupe une place centrale dans nos vies. Pourtant elle engendre des coûts importants pour la société, que ce soit en matière de pollution, de santé publique ou d’aménagement du territoire. La bonne nouvelle ?
Des solutions existent, inspirées de la décroissance, elles visent non seulement à réduire notre consommation de ressources, mais surtout, à améliorer la qualité de vie dans nos villes, nos quartiers et notre portefeuille.
Encadrer la publicité des VUS et des gros véhicules
On ne se le cachera pas, la publicité influence fortement nos choix de consommation et le marché automobile le comprend très bien. Les VUS représentent désormais plus de la majorité des ventes de véhicules neufs au Canada, une hausse directement liée aux campagnes marketing massives qui les présentent comme indispensables, même en milieu urbain.
Selon un sondage mené par Équiterre, 58 % de la population québécoise souhaite un encadrement plus strict de ces publicités. Limiter la promotion de gros véhicules, comme on l’a fait pour le tabac, permettrait de réduire la demande artificielle et de favoriser des choix plus sobres et adaptés aux véritables besoins.
Rendre le transport en commun gratuit ou très abordable
L’une des mesures les plus efficaces pour se déplacer est d’offrir un service attrayant et accessible. Plusieurs villes à travers le monde ont déjà adopté la gratuité du transport en commun. Au Québec, des municipalités comme Beloeil et McMasterville ont franchi ce pas avec succès.
La gratuité ou une tarification très faible favorise la justice sociale, encourage l’abandon de la voiture solo et réduit la congestion. C’est une approche de décroissance qui considère la mobilité comme un service public essentiel au même niveau qu’est l’éducation ou la santé.
Réduire la place de la voiture en ville
Nos villes ont été construites pour faciliter la circulation automobile, souvent au détriment des piétons, cyclistes et usagers du transport en commun.
Repenser l’espace urbain, c’est :
- Transformer des rues en espaces piétonniers,
- Réduire le nombre de stationnements,
- Aménager des pistes cyclables sécuritaires,
- Rendre les quartiers plus agréables et vivants.
Au Japon, la loi impose aux propriétaires de voitures de disposer d’un espace de stationnement privé hors rues. Ce « certificat de parking » appelé Shakoshoumei vise à éviter l’engorgement des rues.
Promouvoir les déplacements de proximité
Une solution simple mais puissante consiste à rapprocher les services, commerces et emplois des gens. Lorsque tout est accessible à pied, à vélo ou en transport collectif, la voiture devient moins nécessaire.
Dans une perspective de décroissance, cela signifie repenser nos modes de vie pour réduire les distances parcourues plutôt que d’essayer de compenser en construisant toujours plus de routes et de stationnements.
Réduire la taille et le nombre de véhicules
Enfin, un principe central de la décroissance est la sobriété : faire mieux avec moins.
Dans le domaine des transports, cela passe par :
- Favoriser les petits véhicules plutôt que les VUS et camions légers,
- Partager les voitures grâce à des services d’autopartage, (Communauto, LÉO)
- Limiter le nombre total de voitures en circulation.
Bonne journée sans voiture !
La Journée mondiale sans voiture n’est pas qu’un défi d’un jour : c’est une invitation à changer en profondeur notre rapport à la mobilité. En encadrant la publicité, en rendant le transport collectif gratuit, en réduisant la place de l’auto en ville, en rapprochant les services et en favorisant la sobriété, nous pouvons bâtir des villes plus saines, plus conviviales et plus durables.
Et si, cette année, on profitait de cette journée pour imaginer ensemble une société où la voiture n’est plus au centre de tout, mais où la qualité de vie et la planète passent en premier ?